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Jacky Miredin, danseur de Fort-de-France, à Copenhague.

Danseur, chorégraphe, professeur de danse

Jacky Miredin a grandi en Martinique, où il a passé son bac L au Lycée Schoelcher en 1984. Comme beaucoup de Martiniquais, il quitte son île pour les études. Pour lui ce sera la danse. Rien d’autre. Ses pas de danseur lui font faire le tour du monde. Depuis quelques années, il est revenu à Fort- de- France où il développe des projets que 30 ans de voyages et de rencontres ont forcément nourris.

Interview
Ton portrait robot en quelques mots :

Nom : Miredin
Prénom : Jean-Hugues Achilles
Date de naissance et lieu de naissance : 12 Avril 1964 en Martinique
Lieux de résidence : Martinique/Copenhague
Taille : 176’

Jacky tu vis à Copenhague depuis quand ? et pour y faire quoi ?

J’ai vécu à Copenhague pendant 17 ans. Au départ, Copenhague a été mon port d’attache en Europe car avant ça je vivais à NYC. Je suis arrivé à Copenhague pour danser. J’étais invité a prendre part à un projet chorégraphique et là, j’ai rencontré Camilla Stage, chorégraphe Danoise avec qui je vais travailler pendant une vingtaine d’années.

Pourquoi Copenhague ?

Je n’ai pas choisi Copenhague mais Copenhague m’a choisi, disons.
A NYC je partageais un appartement avec une Danoise et c’est elle qui m’a invité. C’est comme ça que tout a commencé.

Comment t’es-tu adapté ? Est-ce que ça a été facile ?

L’adaptation au mode de vie danois n’a pas toujours été facile car la vie au Danemark est gérée par des règles très strictes, les gens sont réservés et la spontanéité n’est pas toujours de mise. A cela s’ajoute la langue. Le danois est une langue très difficile à apprendre, et j’ai dû retourner à l’école pour l’étudier. En plus au Danemark il n’y a pas une grande communauté noire et encore moins Antillaise. Malgré tout cela, je dois avouer que j’aime beaucoup ce pays et que j’y ai appris énormément. Bien sûr, ils ont un niveau social très avancé et le sentiment de sécurité que cela donne m’a permis de me donner à 100% à mon travail.

Où as tu grandi ?

J’ai grandi en Martinique.

Et tes parents ?

Mes parents sont de la Martinique et ont grandi en Martinique.

Tes meilleurs souvenirs de Martinique ?

Il y en a beaucoup, mais je crois que se sont les grandes réunions familiales autour de ma grand-mère.

Pourquoi la danse ?

Je me pose encore la question. Je pense que j’étais fait pour ça. Dans ma famille nous avons tous touché un peu à l’art ou au sport. Et quand j’ai commencé à danser au lycée Schœlcher je me suis rendu compte que c’était un mode d’expression très libérateur et beaucoup plus complexe que ne laissaient paraître les idées préconçues de l’époque sur le fait qu’un homme s’adonnerait à l’art de la danse. Surtout qu’à l’époque ce n’était pas bien vu. C’est beaucoup mieux maintenant et j’en suis très content pour les jeunes qui décident de suivre cette voie.

Est-ce que cela a été facile d’imposer ton choix ?

Oui et non. Oui parce que ma famille m’aime et donc elle a décidé de me soutenir et me suivre une fois que j’étais sûr que c’était ce que je voulais faire et non, parce que malheureusement l’art coûte cher et bien que notre société en ait besoin, l’art n’est pas à la portée de tous et son côté aléatoire aussi entraine une grande part d’insécurité.

Raconte comment ça s’est passé.

Après ma deuxième année à Paris j’ai finalement dit à ma mère que j’avais intégré une école de danse et que je voulais arrêter l’université. Bien sûr, il y a eu des cris et des grincements de dents, mais à travers toute ma carrière de danseur, professeur de danse et chorégraphe j’ai toujours prouvé que je pouvais m’en sortir. Tout de suite, après mon diplôme, j’ai eu mon premier contrat en Norvège et après je suis parti pour les Etats-Unis. Là, j’ai commencé à enseigner et à travailler au Canada et au Japon. Avec des amis nous avons monté une compagnie. Et depuis, je n’ai pas arrêté.

Le voyage, le déplacement, l’exil font partie de ta vie. Pourquoi ?

Je pense que le fait de venir d’une petite île a été la raison pour laquelle j’ai dû me déplacer autant car pendant très longtemps il m’était complètement inconcevable de retourner en Martinique car je savais que je n’aurais pas pu avoir la carrière que je désirais, en tant que danseur. Alors que tous mes amis retournaient chez eux après quelques années aux Etats-Unis par exemple, moi j’étais forcé à continuer de chercher ailleurs ou à rester. Et cela je l’ai fait pendant un peu plus de 30 ans. Et après on s’habitue à être loin, on s’adapte, la vie suit son cours.

Quels sont les pays que tu as visités et où tu as vécu jusqu’ici ? Celui où tu pourrais vivre.

J’ai vécu à Paris, à New York, en Italie (Rome) et à Copenhague. Pour le travail je suis allé en Inde, en Nouvelle-Zélande, au Canada, au Japon, en Corée du Sud (Séoul), à Taïwan, en Afrique j’ai visité plusieurs pays, en Europe (Allemagne, Suisse, Russie, Hollande, Finlande, Norvège, Suède, Paris…) en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane Française.
Le pays où je pourrais vivre, le Danemark bien sûr.

Que trouves-tu à Copenhague que tu ne trouves pas dans ton île natale ?
C’est très simple de répondre, la seule chose que je trouvais à Copenhague (car je suis de nouveau en Martinique) et que je ne trouvais pas en Martinique c’était le travail, une communauté artistique plus fertile et une meilleure possibilité de développement artistique. Bien sûr à Copenhague tout « fonctionne » donc y vivre a priori semble plus facile, la qualité de vie est très élevée. Mais ce n’est pas chez moi. En Martinique nous nous battons encore pour des choses qui semblent si évidentes ailleurs, nous sommes encore dans une revendication qui semble désuète vu notre statut. Nous nous sentons coupés du continent alors que nous faisons partie d’un énorme continent, la Caraïbe. Notre jeunesse s’en va (comme je l’ai fait) et ne revient pas. Ce que j’ai trouvé à Copenhague et pas en Martinique c’est un peuple qui croit fermement qu’il mérite mieux et fait tout pour le prouver tous les jours, individuellement et collectivement.

En quoi les personnes sont-elles différentes de ce que tu as connu en Martinique ? Et semblables ?
Je crois que la différence réside dans le fait que l’on se retrouve avec un peuple qui a colonisé (les Vikings sont de grands voyageurs) et un peuple qui a été colonisé et cela fait toute la différence. Les Danois ont de l’assurance et semblent savoir ce qu’ils valent et leur société ne met pas en doute cette valeur, je ne sais pas si nous pouvons dire la même chose nous concernant. Tout est mis en œuvre pour le développement d’une société saine, bien éduquée et créative au Danemark.
Mais tout comme en Martinique et partout ailleurs cela ne fait pas toujours le bonheur de tous.

Si je te dis Diasporas ?
Question difficile car certaines dispersions de peuples se sont réalisées dans des conditions très difficiles et je pense à l’esclavage bien sûr, le déplacement des Palestiniens et bien d’autres encore. Mais quelque part, cette explosion de culture diverse et de races à travers le monde ne peut être que salutaire pour le monde en général. Car l’ignorance est la source de beaucoup d’intolérance et de cruauté. Mais la question que je pose toujours est celle de savoir comment cette dispersion forcée ou voulue peut elle nourrir les pays d’origine de ceux et celles qui sont partis.

La chose la plus importante pour toi ?
En ce moment la chose la plus importante pour moi est de partager ce que j’ai appris pendant toutes ces longues années. Cela fait bientôt quatre ans que je suis revenu en Martinique où avec Laurent TROUDART nous avons créé une compagnie de danse ART&FACT. Et c’est là que je mets mon énergie. La Martinique a beaucoup de potentiel et il y a beaucoup de choses à faire. Malheureusement nous ne sommes pas assez nombreux à le croire et pas assez nombreux sur le terrain. Il y a des murs à casser afin de laisser passer une nouvelle lumière. Il faut aérer les pièces et ouvrir les portes grandes.

Tes projets pour 2017 ? Et après ?
Pour 2017, je vais continuer à faire ce que je fais toujours, tous les jours, travailler, rêver, être créatif en espérant rencontrer d’autres qui auront envie de faire la même chose.
Après mon projet, c’est d’être heureux. Je sais que c’est banal mais tellement vrai en même temps.

Le mot de la fin ?
Merci

Le site officiel de Jean- Hugues Miredin
http://www.jeanhuguesmiredin.com
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