# Cette semaine j’ai retenu 54
Nouveau monde. Comme si le monde d’aujourd’hui leur était devenu étrange, un monde… D’illustres aînés s’en sont allés. Après Edouard Jean-Élie, le 13 juin, Édouard Delépine, le 11 août, Jean-Claude William, le 17 août.
Des érudits, connaisseurs de notre société… une mémoire qui se perd. Des hommes qui inscrivaient leur action dans le temps long, le temps de regarder, d’apprendre, de comprendre, d’agir. Le temps de l’explication, le temps du dialogue.
Leur temps tranche avec le temps d’aujourd’hui : celui des réseaux sociaux, celui des anathèmes proférés à la va-vite le temps d’un échange vif, acrimonieux. Le temps des idées toutes faites élaborées en un tour de main après un passage furtif sur wikipédia ou sur WhatsApp, celui des vérités inébranlables.
Alors, l’adieu de ces aînés sonne comme la fin d’une époque, une nouvelle ère.
Édouard Delépine et Jean Claude-William ont pris le temps pour écrire. Le temps de l’écriture est un temps qui prend au moins cinq fois plus de temps que le temps de parler : le temps de chercher, le temps de penser, le temps de marquer ce que l’on a pensé, le temps de lire ce que l’on a marqué et le temps de penser à ce qu’on a lu.
Décidément, le temps long.
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Doute. Cette conversation avec une collègue : l’année 2020, sacrée année, commencée dans les grèves, poursuivie dans le Covid. Mais aussi, cette violence, avec George Floyd. Et encore, cette incertitude face au coronavirus qui nous oblige à ancrer nos vies dans de nouvelles pratiques, et des perspectives qui n’offrent que peu de certitude. 2020…l’année du doute ?
Reset. Si ce n’est l’année du 20 sur 20 comme on a vu souvent sur les pages Facebook à l’aube de cette année, ce pourrait être l’année du reset, l’année du restart ?
Nous-mêmes ? Et si c’était l’année du regard sur nous-mêmes, mais vraiment sur nous-mêmes, pas celui qui fait de l’autre notre bouc-émissaire, le responsable de nos vies, de nos malheurs, de nos bonheurs, mais le regard qui examine nos actes et nos responsabilités, ce que nous sommes vraiment, sincèrement, ce que nous voulons vraiment, sincèrement. Pas pour seulement dire ou hurler que nous voulons, pas en faisant semblant d’être qui nous voudrions que les autres pensent que nous sommes… non, ce que nous sommes vraiment.
Jour du dépassement. Le 22 août : le jour du dépassement. Celui où l’humanité a consommé les ressources que la terre peut offrir en une année. Bonne nouvelle : cette année, ce jour arrive plus tard que les années précédentes. Le confinement nous a rendus moins gourmands, moins voraces, par la force des choses moins rapaces.
En 1970, ce jour était le 20 décembre : la terre produisait en une année les ressources que nous consommions en une année. Aujourd’hui, il faut 1,6 terre pour assouvir nos besoins en énergie, et en nourriture d’une année. Certains pays sont gloutons (le Qatar), d’autres sont plus sobres (la France), voire frugaux (l’Inde).
Nouvelle terre. A l’heure de penser la relance économique, il est urgent de l’inscrire dans de nouvelles pratiques et politiques qui conjuguent le respect de la biodiversité, la lutte contre la pollution, et la circularité. Sommes-nous prêts ?
Et nous ? En Martinique, comment contribuons-nous à ce nouveau paradigme ? Transports propres, agriculture et pêche qui contribuent majoritairement à notre consommation plutôt qu’importations massives (80% de nos besoins), éducation à l’écologie qui débouche sur une excellence écologique et citoyenne …. Autant de pistes à creuser pour demain. Aujourd’hui ? Hier ?
Sinon, Steve Bannon, le gourou de Trump (dézingué cette semaine par Barack Obama) et des extrêmes droites européennes, accusé de détournement de fonds et corruption…il s’est versé 1 million de dollars dans le cadre d’une levée de fonds organisée par une association pour construire le mur de Trump. Se méfier des gourous.
Re-sinon, cette citation de Marshall Mc Luhan : il n’y a pas de passagers sur le vaisseau Terre, nous sommes tous des membres de l’équipage.
Bonne semaine
BJE (22082020)