Comment échapper aux déterminismes sociaux ?
Moonlight s’ajoute aux films et aux ouvrages qui retracent le parcours de jeunes Noirs aux Etats- Unis dans le ghetto. Rarement le thème de l’homosexualité avait été abordé dans ce contexte et avec ce traitement.
Pitch
L’impression de connaître cette histoire… Un ghetto américain, des Noirs, la drogue, l’absence de père, comme une sorte de cycle atavique appris par cœur qu’on pourrait réciter les yeux fermés. Et pourtant Moonlight surprend. Par son rythme d’abord… Le réalisateur Barry Jenkins, qui filme au plus près ses personnages, leur donne le temps d’être ce qu’ils sont, avec leurs hésitations et leurs silences. Chiron, a.k.a Little, a.k.a Black a du mal à trouver sa place entre une mère toxico, un père de substitution dealer et des « camarades » de classe harceleurs qui comprennent avant lui qu’il est différent.
Le parcours de Chiron retracé par ellipses (l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte) est un long poème, jusqu’à cette scène finale qui provoque les larmes. Comment peut-on passer à ce point à côté de la vie, de ce qu’on est vraiment ? Les personnages sont touchants (sauf les harceleurs). Juan, père « d’adoption », dealer et coeur tendre est tout en nuances et contradictions, à l’image des autres personnages qui n’ont que peu de prise sur leur destin.
Moonlight est d’une tendresse et d’une tristesse profondes.
En marge
Le film fait écho à l’ouvrage de Ta Nehisi Coates, » Le grand combat », qui retrace l’adolescence de l’auteur dans les ghettos Noirs américains (Baltimore). Difficile de trouver sa place, de ne pas obéir aux déterminismes sociaux, qui fixent la voie de la délinquance comme seul horizon aux jeunes Noirs des ghettos sous crack.
Moonlight a reçu de nombreux prix dont l’Oscar du meilleur film., tout à fait mérité !
Moonlight. Barry Jenkins avec Naomie Harris, Mahershala Ali, Trevante Rhodes, André Holland, Janelle Monáe, Alex R. Hibbert, Jaden Piner, Ashton Sanders, Jharrel Jerome. Production exécutive Brad Pitt