Jérémie Petit : c’est l’histoire d’un jeune afro-caribéen qui a grandi en banlieue nord parisienne dans une famille guadeloupéenne et qui a cru en son rêve. La « terre mère » est devenue sa terre d’adoption, le Sénégal son terrain d’expansion à la fois personnel et entrepreneurial.
En 2013, Jérémie remporte un appel d’offres d’Orange Sénégal pour la réalisation d’un spot de pub qui va le faire connaître du grand public et des pro. C’est le coup de boost dont le français avait besoin pour se faire définitivement sa place au soleil de Dakar.
Aujourd’hui, sa société de production audiovisuelle Oxygen Africa est devenue le représentant exclusif de Panavision et de Panalux en Afrique de l’ouest et centrale. Avec son équipe, il entend positionner Oxygen Africa, sa société comme le producteur exécutif incontournable pour le cinéma dans cette partie du continent.
Pour Jérémie, l’Afrique, est une terre d’opportunités où il s’est trouvé.
Diasporamix l’a rencontré.
Ton portrait-robot :
Jeremie Petit, plus connu sous le nom de Jam C – 35 ans originaire de la Guadeloupe. Né à Paris. A grandi à Fosses, dans le 95 et vit depuis 10 ans au Sénégal. Marié, deux enfants. Fondateur de Oxygen Africa, une société de production audiovisuelle et African Victory, société de production musicale.
Comment tu te définirais en une phrase ?
Je me définis comme quelqu’un qui aime la vie, quelqu’un d’audacieux, de passionné avant tout.
Je vis au Sénégal, grâce à la production d’un clip. Je suis tombé sous le charme du Sénégal et j’ai vu en le pays de la Teranga une vraie terre d’opportunités.
Tu es un businessman ?
Je suis un entrepreneur avant tout. Je suis un homme d’affaires autodidacte.
J’ai grandi en banlieue nord parisienne, à Fosses, dans le 95 et dans mon parcours, j’ai toujours eu des rêves, de l’ambition, j’ai toujours voulu arriver à quelque chose dans ma vie, j’ai toujours été convaincu que j’allais faire quelque chose de passionnant, je ne savais pas quoi exactement, et de fil en aiguille, les opportunités, je me suis d’abord retrouvé à faire de la musique et à découvrir le milieu de l’audiovisuel, et de là, à faire le pont entre Paris et Dakar
Si je te dis communauté ?
C’est une bonne chose, mais après, ne nous enfermons pas non plus. C’est bien d’y appartenir, de la revendiquer, de mettre en exergue ce qui a de positif, parce que c’est ce qui fait ce que nous sommes, mais nous restons des êtres humains avant tout, il faut être ouvert au monde et être ouvert à la vie, et c’est ce qui explique qu’on se retrouve face à de belles surprises, à de belles opportunités. C’est ce qui résume en tout cas, le début de mon parcours.
Comment tu te définirais ? Guadeloupéen, français, africain ? Est-ce important ou pas d’ailleurs ?
Je me définis comme un ultramarin, Afrocaribéen au départ, c’est essentiel pour moi, de nationalité française de surcroît. Je vais employer une formule connue : je suis un citoyen du monde. J’aime les gens, j’aime la vie, j’aime le contact avec les humains. On s’enrichit tous des uns des autres. De mon parcours atypique, sur le terrain, j’ai pu me nourrir de l’expérience, de la connaissance, du savoir des uns et des autres. Et c’est ce qui a fait ce que je suis aujourd’hui.
Tout à l’heure tu as repris une formule de Kery James : on n’est pas condamné à l’échec.
Oui, et il le dit très bien.
Moi pour ma part, je me suis condamné à réussir. C’est ce que je dois dire. Dès le départ, j’ai eu cette pleine conviction que j’allais arriver quelque part, je ne savais pas où mais que j’allais faire quelque chose de passionnant. Je me suis donné les moyens, même si les moyens au départ n’étaient pas là.
J’ai tout fait à la mesure de mes possibilités pour franchir les étapes. Il est vrai que je suis beaucoup tombé. J’ai fait un nombre incalculable de chutes, mais mes chutes d’hier sont ma réussite d’aujourd’hui. De toutes ces épreuves, j’ai appris à chaque fois.
Quels sont pour toi les facteurs de réussite ?
Déjà, il faut avoir une ambition. Le premier facteur que je dis à mes collaborateurs, c’est la passion. On réussit plus vite si on est passionné. Souvent, quand on crée quelque chose, quand on travaille sur un projet, la passion nous fait dépasser les limites en termes de rendu, de finalité de création.
Dans ton parcours, il y a eu des rencontres aussi…
Oui, il y a eu des rencontres, j’ai parlé de relations humaines, de communication, d’une soif permanente d’interagir avec les autres ; et l’audace aussi. Ça été quelque chose de considérable qui fait partie de moi, et qui a fait que j’ai dépassé le stade de l’appartenance à un milieu social, du statut pour aller à la rencontre des uns et des autres, me présenter et voir quelles étaient les possibilités d’affinités déjà en tant qu’être humain.
A quoi faut-il renoncer pour réaliser son rêve ?
Je ne pense pas qu’il faille renoncer à quelque chose pour réaliser son rêve. Au contraire, il faut croire en soi. Cette foi en la vie, en soi, en ce que nous sommes, chacun d’entre nous a des compétences, des qualités, des spécificités qui sont les nôtres, qui font qu’à un moment notre destin se réalise à sa façon. Et on a chacun un destin qui est le nôtre, qui est particulier. Je n’ai pas la réussite d’un autre, un autre n’aura pas la mienne.
Il faut se concentrer sur soi-même. C’est très important, ne pas regarder le rêve d’un autre. Vivre le sien. Essayer de se trouver déjà, ce qu’on veut, ce qu’on aime dans la vie, c’est l’élément de départ, ce dans quoi on est à l’aise et après chercher les moyens d’y aller, de se mettre dans cette voie -là, de persévérer.
Tes origines guadeloupéennes, t-ont-elles aidé dans ton parcours ? Ont-elles été un frein ?
Moi déjà, mes origines n’ont pas été un frein. Je suis issu d’une famille croyante, modeste qui m’a éduqué avec de vraies valeurs. C’est cette éducation qui m’a permis de m’adapter à tous les milieux, à tous les écosystèmes. Cependant quand j’ai été en Afrique pour la première fois, j’ai été très touché d’être sur la terre mère, et d’être dans une zone où des Noirs réussissent dans l’entreprenariat et sont aussi nombreux. Et ça a été une motivation pour moi et peut-être que le fait d’être Guadeloupéen, je m’y suis senti à l’aise, je me suis senti chez moi très rapidement. J’ai toujours eu le sentiment que j’étais chez moi en Afrique.
Certains de mes amis me vannent en me disant que je suis même plus Africain que francophone entre guillemets. Mais je revendique mes origines Guadeloupéennes, j’en suis fier, et j’espère pouvoir retourner en Guadeloupe cette année et puis témoigner de ce parcours atypique. En témoigner aussi dans mon quartier d’origine en France.
Et j’invite vraiment toute la diaspora, toute la communauté à regarder ce qui se passe sur ce continent, qui est une vraie terre d’opportunités. Où il y a de belles choses qui sont possibles.
Quelles sont les prochaines étapes pour toi ?
Les prochaines étapes, c’est de continuer à travailler sur le développement des deux labels que j’ai fondés. Oxygen Africa qui est une société de production audiovisuelle, qui a commencé par faire des clips, des films publicitaires, qui fait beaucoup de production exécutive pour des structures de production étrangères et qui est aujourd’hui une vraie référence connue et reconnue en local. Aujourd’hui, nous sommes basés à Dakar au Sénégal, en sous- régional, Afrique de l’ouest et Afrique centrale et aussi à l’international parce que nous avons beaucoup de partenaires étrangers qui viennent travailler avec nous… nous voulons continuer à la développer, à la consolider et à l’amener le plus loin possible dans son expansion ; et notre jeune label de musique African Victory, pareil. C’est un projet qui me tient particulièrement à cœur, parce que j’ai commencé par la musique. Dernièrement, j’ai repris un peu le micro avec un collègue, parce que j’ai eu la chance aujourd’hui, d’avoir mes propres moyens pour autoproduire notre musique et je souhaite structurer ce label de la même façon que j’ai structuré Oxygen Africa, la maison mère, et permettre à des jeunes afro caribéens, africains, sénégalais, ivoiriens, peu importe le pays, de faire connaître leurs talents.
Oxygen AfricaIci