DIASPORAMIX

La vierge et le dictateur, les dessous d’un roman

Bon, on ne va pas jouer à la fausse interview où l’on parle de soi à la troisième personne.

La re-publication de La vierge et le dictateur par ma société/maison d’édition Diasporamix est l’occasion de revenir sur un épisode qui fut sans doute l’un des plus douloureux de ma vie d’écri… vaine (la vanité d’écrire, exercice de création, de toute puissance prétentieux et… vain). Quand en 2006 -il me semble- après avoir écrit le premier manuscrit de La vierge et le dictateur, j’ai fait le tour des maisons d’édition françaises, j’ai reçu un message dithyrambique d’un directeur de collection d’une des fameuses maisons… fameuses. Je rentrais d’un voyage professionnel et j’ai bien cru que mon coeur allait lâcher, tellement j’étais heureuse ! Mon livre qui s’intitulait à l’époque Isidore est couché à côté, avait trouvé son éditeur, et non des moindres dans une collection dédiée aux auteurs, auteures des mondes non occidentaux (allons dire ça comme ça).

Mon coeur donc était tout près de rompre. On écrit pour être lu, parce qu’on veut entrer en relation avec l’autre, les autres, parce que l’autre est quelque part une obsession (un peu quand même, surtout quand on a fini d’écrire, et même s’il ne l’est pas quand on écrit, selon moi). Bref…j’allais être éditée. 😉 Je me rends au rendez-vous qu’ensuite ce responsable de collection me donne non loin de ses bureaux, près du Panthéon. Il m’avait crue haïtienne, pensait que je n’avais pas répondu tout de suite à son message parce que j’étais probablement dans mon pays, me demande de revoir les dialogues, il y en a un peu trop, est emballé.

Je rentre chez moi, toute heureuse d’avoir eu cet échange avec un professionnel qui allait m’aider à grandir, me faire progresser. Mais, à la relecture, j’ai du mal à revoir les dialogues, c’est compliqué. J’élague, je sabre, et je rends ma copie, pas tout à fait persuadée d’avoir répondu à sa demande. Peut-être voudra-t-il m’y aider ; en tant que futur éditeur emballé il voudra sûrement m’expliquer… Mais non, par téléphone, très directement, sans chichi et sans blabla, il m’informe que les dialogues sont toujours trop longs, que le comité de lecture n’est pas unanime, et que donc, il n’y aura pas de suite.

Cet échange eut l'effet d'une rupture amoureuse, me plongeant dans une tristesse incrédule, comme un enfant qu'on gronde mais qui ne comprend pas pourquoi.

Ainsi donc, ce directeur de collection de cette grande maison d’édition avait-il scellé mon destin d’écri… vaine.

Je remis mon manuscrit dans un tiroir et l’oubliai.

Vanité, tout est vanité

Je l’avais fait lire à un ami écrivain (pas vain, celui-là, Roland Brival). Quatre ans plus tard, en 2010, je reçois un coup de téléphone de Roland, qui m’engueule littéralement en me demandant ce que j’ai fait de ce manuscrit et pourquoi, il n’avait pas été publié. Il venait de lire un roman et trouvait peut-être que mon texte était au moins à la hauteur de celui qu’il avait lu (à quelle hauteur, sinon celle du lecteur ? ); Il était furieux, il était en colère, il me poussait à sortir ce manuscrit de son tiroir et à repartir au combat.

Ce que je fis pour finir par trouver un petit éditeur dont j’avais fait la connaissance entre temps. Le texte fut donc publié en 2010. Il ne fut pas un succès littéraire (sinon ça ce saurait).

En 2020, j’ai la vanité, la prétention de croire qu’il est encore d’actualité.

Le thème central de La vierge et le dictateur c’est le pouvoir et la révolte. La question qui m’obsède ici : pourquoi un peuple, une communauté décide de se révolter ? Le chef est-il indispensable à la révolte ? Dans nos sociétés modernes asservies par la communication exponentielle que permettent les réseaux sociaux, le pouvoir trouve dans la communication un allié de poids. La vierge et le dictateur est une fable moderne, satirique sur le pouvoir et ses mécanismes qui sont intemporels.

Dans mon parcours de créatrice, j’aime l’idée d’aller au bout. Ne pas renoncer, garder le cap, se fixer des objectifs pour… créer. La dureté de la tâche, la nouveauté me font apprendre. Alors je suis au four et au moulin, une slasheuse comme on dit aussi maintenant. Mais ce n’est pas grave. En espérant que cette forme de folie me permette d’entrer en relation avec l’autre, avec les autres, dans cet élan vain, que seule l’écriture rend possible.

Barbara Jean-Elie (19 septembre 2020)

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