Le covid 19 occupe notre espace mental depuis plus de trois mois. Jack Exily, l’illustrateur de Sina a lancé l’idée. Comme cette crise extraordinaire sera à jamais gravée dans nos mémoires, il nous a suggéré de laisser une trace avec les personnages que nous avons créés. Et si la réalité dans ce cas dépasse la fiction, la fiction peut aider à penser la réalité. Lire aussi sur soulnetworks.org
Voici donc la nouvelle « Sina et le coronavirus ». Sina et Momo le monstre de la Montagne, repartis sur les routes… après la Caraïbe, le voyage se poursuit… en Chine.
Ceci est une fiction.
SINA ET LE CORONAVIRUS
Nouvelle
Ils ne parlaient plus que de ça à la télévision. Depuis trois mois, tout le monde était confiné. Pas moyen de sortir, à part pour aller au supermarché ou chez le médecin. Le soir, à 8h couvre- feu. Tout le monde à l’intérieur ! A Saint- Pierre, tout était devenu calme. La montagne planait au-dessus de la ville, silencieuse et majestueuse, face à la mer d’huile lissée par le soleil étincelant qui cuisait tout. Sina n’en pouvait plus. Elle qui ne tenait pas en place. Et plus que l’obligation de rester à la maison, ce qui la mettait vraiment en rogne, c’est que cette histoire de Covid 19, coronavirus semblait être tombée du ciel ! Aïe !
Elle passait sa journée à inventer des objets, à dessiner, à taper dans le punchingball sur la terrasse et à faire ses devoirs. Les cours n’étaient pas arrêtés et ses professeurs donnaient tout le temps des devoirs qu’il fallait rendre. Ils n’avaient pas voulu organiser de visioconférence comme ceux de Momo. Sina avait beaucoup de mal à rester concentrée pour faire tous ses devoirs. En plus, elle aimait bien l’école, voir ses copines, rigoler à la récré, faire des blagues, embêter sa prof de français qui lui faisait des remarques sur la longueur de sa jupe plissée, soit trop longue, soit trop courte.
Heureusement, elle avait Momo. Depuis leur retour de Cuba et sa transformation, ils n’avaient pas arrêté de se voir. Là c’était différent. Confinement oblige, ils se parlaient par Skype ou sur WhatsApp, mais de temps en temps, il venait traîner près de la maison et ils pouvaient se parler à distance. Ils se remémoraient les moindres détails de leur voyage pour retrouver ses parents, ils évoquaient aussi la malédiction de la sorcière qui l’avait transformé en monstre de la Montagne. Papou, la grenouille, qui n’était jamais loin, les interrompait souvent pour préciser qu’elle aussi avait permis de capturer le pirate. « Si je n’avais pas été là, je ne sais pas comment vous auriez fait ! ». « Mais arrête de parler », lui disait Sina, « tu ne vois pas qu’on discute de trucs sérieux, là ! ».
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Momo était un garçon très intelligent et le roi de l’informatique. Il avait une théorie à propos de cette histoire de Corona machin chose. Il était persuadé que ce virus était un truc inventé, fabriqué de toute pièce. Il n’y croyait pas à cette histoire de marché au poisson et de chauve- souris porteuse de virus, qui avait tout déclenché. Ils avaient cherché sur internet et étaient tombés sur la fiche Allociné de « Contagion », un film qui parlait exactement de cela : une épidémie déclenchée par une chauve- souris qui avait fait caca sur un bananier, la banane avait été mangée par un cochon, le cochon avait été préparé par un cuisinier qui ne s’était pas bien lavé les mains, le cuisinier avait serré la main d’une touriste américaine de passage, la touriste américaine de passage était rentrée chez elle. Et pas de bol…elle avait contaminé son fils (son mari n’avait pas été contaminé, on savait pas pourquoi, mais ç’allait sûrement servir à mettre au point un vaccin à un moment ou un autre) et après, toute la terre avait été malade. La cata quoi !
Momo pensait dur comme fer que le coronamachintrucchouettebidule était une bestiole fabriquée, comme dans les films de science- fiction avec une mauvaise fin.
Il passait son temps sur les sites scientifiques à lire pour essayer de comprendre tout ça. Il était incollable sur les virus et les coronavirus en particulier. Il parlait de la grippe espagnole de 1918 comme s’il avait 150 ans et qu’il avait été témoin de cette pandémie. Sina pensait comme lui. À elle aussi, cette histoire de chauve-souris paraissait louche. Tout ceci ressemblait à un mauvais film. Elle voulait comprendre. Mais avec le confinement et l’arrêt des vols vers les autres pays, ce n’était pas très simple. A moins que…Non, cette fois, Cristofine ne pourrait pas les aider. Elle ne pourrait pas les emmener où elle voulait aller. A moins que… le vent ? Les éléments naturels étaient depuis longtemps ses amis et ne refuseraient jamais de l’aider, mais pour ce qu’elle avait en tête, cela ne suffirait pas cette fois- ci.
Elle appela Momo pour lui raconter ce qu’elle avait imaginé. Elle voulait aller en Chine, à Wuhan où tout avait commencé. Ils devraient pénétrer dans ce fameux laboratoire P4 dont tout le monde parlait.
— Tu es complètement folle, rigola Momo.
Ils devraient prendre l’un des avions qui continuaient d’atterrir à l’aéroport du Lamentin, avec un billet ou sans, aller jusqu’à Roissy, puis prendre un vol pour la Chine et Wuhan, pour se rendre à ce fameux labo. Rien n’était simple, rien n’avait jamais été simple et ce n’est pas à Momo qu’elle allait l’apprendre, lui qui avait vécu dans le corps d’un monstre poilu, gentil certes, mais qui sentait super pas bon pendant des années, à cause d’un sort jeté par une sorcière ignoble. D’ailleurs, ce petit défaut était resté à Momo et il pourrait bien leur servir le moment venu. On ne sait jamais. Ses pleurs verts et malodorants qui avaient déclenché l’éruption de la Montagne, avaient non seulement permis à Sina de connaître son ami, ils leur avaient surtout été très utiles dans la grotte de Viñales à Cuba face à ce pirate hideux et machiavélique, le fameux Oscar de la Malavida, qui croupissait depuis son arrestation dans une prison à la Havane. Ouf, bon débarras !
Bref… les larmes de Momo qui avaient aveuglé Oscar sentaient tellement mauvais qu’il était tombé dans les pommes comme un gros psychopatate qu’il était.
Sina avait convaincu Momo de partir en Chine. En plus, ils n’allaient pas rater l’école, puisqu’il n’y avait pas d’école pour le moment, et que les devoirs étaient envoyés par internet et qu’il y avait fort à parier qu’il n’y aurait pas d’école cette année avant la rentrée de septembre.
— Vous aurez besoin de moi, dit Papou la grenouille qui écoutait sur son nénuphar. Je viens, vous ne pouvez pas partir sans moi.
— Sérieux ?!
— C’est ça, ou je raconte tout à vos parents !
— Ah ?!
Sina n’en croyait pas ses oreilles.
Ils avaient rendez- vous le lendemain après- midi. Ils devraient éviter les contrôles des gendarmes sur la route. C’est pourquoi ils empruntèrent de petits chemins avec leurs vélos. Ils arrivèrent fatigués à l’aéroport. Ils se faufilèrent par la porte d’un des hangars qui abritaient les avions cloués au sol.
Ils attendirent le coucher du soleil. Des hommes déchargeaient des palettes de masques et de gants qui arrivaient justement de Chine en passant par Paris. L’avion allait repartir rapidement. Il fallait monter à bord, sans se faire remarquer. Les caméras de surveillance étaient nombreuses. Sina portait des lunettes de soleil, une casquette, son pantalon et ses bottines fétiches. Momo avait une casquette noire, il avait mis un blouson et un jeans, ses baskets blanches et pris un petit sac en cuir dans lequel, il avait sa tablette et ses gadgets informatiques (« ce ne sont pas des gadgets informatiques ! » répétait- il à Sina). Ils marchèrent tête baissée pour se rapprocher de l’appareil. Les hommes qui avaient déchargé l’avion s’étaient maintenant éloignés, de l’autre côté, en direction de l’entrée du bâtiment. Sina et Momo pénétrèrent dans la soute de l’avion. Il y avait quelques cartons entassés tout au fond, attachés à la carlingue avec de grandes sangles en cuir. Ils se cachèrent derrière. De grosses couvertures marron et gris traînaient là. Ils en auraient besoin pendant le voyage de 8 heures vers l’Europe.
Ils restèrent à attendre encore une bonne heure avant d’entendre des pas dans la soute. Les hommes étaient revenus faire une dernière inspection. L’avion ne tarderait pas à décoller. Peu de temps après, la porte de la soute se releva pour se fermer. Sina et Momo se retrouvèrent dans le noir. Seuls quelques petits voyants rouges s’allumaient parfois sur les côtés. Il n’y avait plus qu’à dormir et se réchauffer.
Sina sombra dans un sommeil profond. Elle se trouvait debout sur le dos de Cristofine la baleine, au-milieu d’un amas de bouteilles en plastique au milieu de l’océan. Cristofine toussait et ne pouvait plus parler. Sina se tournait vers Momo qui était encore le monstre poilu qu’il avait été, avant que le sort ne fût défait à Viñales, dans la grotte. Momo pleurait si fort que tout autour d’eux, la mer se mit à monter et à devenir toute verte.
Cristofine éternua et tout fut repoussé loin d’elle. Papou la grenouille avait été projetée dans l’eau et elle appelait Sina au secours. Sina se réveilla brusquement. Momo lui touchait l’épaule. « Tu as rêvé on dirait ». Elle se frotta les yeux.
— C’était horrible, dit-elle dans un sanglot. Cristofine étouffait à cause du plastique dans l’eau, de toutes ces bouteilles et toute cette pollution. Et toi, tes larmes faisaient monter le niveau de la mer en la rendant toute verte. Je ne sais pas ce qu’est devenue Papou dans tout ça. Elle a plongé. J’espère qu’elle ne s’est pas noyée.
— Ce n’est qu’un rêve Miss Nuage… tu es au courant, les rêves n’ont rien à voir avec la réalité ! Regarde, Papou ronfle comme une baleine.
— Tu as raison, Monsieur le Monstre. On en est où au fait ? On arrive quand ? J’ai froid, j’ai faim, j’ai mal aux jambes.
— Eh ! Tu arrêtes de te plaindre Miss je parle tout le temps. Il nous reste à peine une heure de vol, juste assez pour mettre au point ton plan pour l’étape suivante !
— Ah oui, c’est vrai qu’on va en Chine, j’avais oublié avec ce rêve à l’eau.
Ils éclatèrent de rire. Sina sortit une tablette de chocolat Elo de sa petite sacoche qui ne la quittait jamais. Elle en donna un bout à Momo, qui l’avala comme un monstre goulu.
L’avion se posa sur la piste comme s’il avait glissé sur la mer des Caraïbes. « Spéciale dédicace à Cristofine » pensa Sina, en applaudissant bruyamment. « Tu vas nous faire repérer Miss tapage », la gronda Momo. Quand l’appareil s’immobilisa, ils s’approchèrent de la porte qui ne tarda pas à s’ouvrir. Deux hommes pénétrèrent dans la soute en se dirigeant directement vers le fond, où se trouvaient les palettes de cartons. Sina et Momo en profitèrent pour se glisser à l’extérieur. Un froid perçant les cueillit. Heureusement, ils avaient gardé les couvertures épaisses pour se protéger et se cacher. Les deux ressemblaient étonnamment à Momo du temps où il était le grand et énorme monstre poilu de la Montagne. « Ça sert d’avoir été un monstre », plaisanta Momo. Ils marchèrent rapidement vers les bureaux. Pour la Chine, pas la peine de passer par la douane. Ils n’avaient aucune chance. Ils avisèrent un énorme avion aux couleurs du drapeau chinois. Ils s’avancèrent en prenant bien soin de ne pas se faire remarquer. Les agents de piste étaient tous rassemblés devant l’appareil et la soute était grand ouverte, des palettes nombreuses en encombraient l’entrée. Sina et Momo commençaient à être des experts en soute d’avion, même si celui-ci était bien plus gros que le 747 de leur traversée transatlantique.
— Tu sais combien de temps ça va durer Sina ?
— Euh… il y a encore 9000 kms à franchir… 11 heures de vol environ et je te signale qu’on n’a pas encore décollé et que ça fait 5 fois que tu me demandes ça.
— Ok, fit Momo en boudant.
Et ils pénétrèrent dans la soute. Le portable de Sina vibra dans la poche de son pantalon. Elle prit connaissance du message qui s’affichait : « Sina, où es- tu ? Ton oncle Simon qui travaille à la télévision canadienne voulait t’interviewer à propos de ce qui s’est passé à Cuba avec Momo. C’est pour une nouvelle émission. J’espère que tu n’es pas encore en train de faire des bêtises ma chérie. Voici le portable de tonton Simon. Papa ». « Papa, ne te fais aucun souci, tu me connais. Je suis avec Momo. Il faut qu’on comprenne ce qui se passe. On rentre vite. Sisi ». Envoyé. Elle enregistra le numéro de téléphone de l’oncle Simon, qui était rédacteur en chef à TV Canada.
Le vol se déroula sans encombre. Momo et Sina dormirent à poings fermés et ne furent pas réveillés par les turbulences qui secouèrent l’appareil comme un prunier au-dessus de la Russie. Quand l’avion se posa sur le tarmac de l’aéroport de Wuhan, ils s’arrangèrent pour ne pas se faire remarquer. C’est ainsi qu’au prix de précautions infinies, ils purent sortir de l’aéroport avant de rejoindre le centre-ville.
Le laboratoire P4 de Wuhan était sans doute l’endroit le mieux gardé sur terre, surtout en période de coronavirus, et même si la ville n’était plus confinée, il n’avait pas été ouvert au public ! C’est le moins qu’on puisse dire. En même temps, tout le monde portait des masques. Sina et Momo n’eurent pas beaucoup de mal à se faire passer pour des livreurs de pizzas qui venaient porter le déjeuner commandé par le Professeur Wang, l’un des chercheurs du labo, comme ils avaient pu le lire sur internet.
Ils franchirent la porte d’entrée surmontée d’un panneau 中国科学院武汉病毒研究所. Ils supposèrent que cela signifiait Institut de virologie de Wuhan.
Une fois à l’intérieur, ils se dirigèrent vers le sous-sol. Un ballet incessant de blouses blanches occupait les couloirs. Rapidement, ils avisèrent sur le côté l’entrée des vestiaires. Avec un peu de chance, ils pourraient se procurer l’uniforme en vigueur. Momo sortit une carte magnétique de son sac et la présenta devant le capteur qui permettait d’ouvrir la porte. Bim ! A l’intérieur, ils trouvèrent blouses, gants et masques FFP2 de rigueur. Habillés comme des cosmonautes dépêchés pour un vol habité sur Mars, ils sortirent avec assurance dans le couloir. Personne ne fit attention à eux. « Pas terrible la sécurité dans ce laboratoire P4 », songea Sina qui ne put s’empêcher de murmurer sous son masque.
— Tais-toi ! souffla Momo, tu vas nous faire repérer avec ton français, Miss tête en l’air.
— Ok, ça va ! On peut quand même rigoler un peu non ?!
Elle jeta un rapide coup d’œil derrière elle, avant de bifurquer sur la droite. Sur le mur était peint un symbole qui avait attiré son attention. P4 et
禁止對該服務陌生的任何人.
Elle ne lisait pas le chinois, mais supposa qu’il ne fallait pas aller plus loin. Et comme s’il s’agissait d’une invitation à un anniversaire d’un de ses amis, elle prit la direction interdite.
Il n’y avait plus personne dans ce coin du laboratoire.
Momo, sur ses talons, elle essaya d’ouvrir la première porte qu’ils trouvèrent. Fermée. Ils n’insistèrent pas. Au fond du couloir, un sas les empêchait d’avancer. Tête toujours baissée, Sina prit la boule de pâte à modeler qu’elle avait dans sa poche. Momo lui fit la courte échelle et elle parvint à coller la pâte à modeler sur la petite caméra fixée au plafond. Les agents de sécurité penseraient à une panne de la caméra avant de venir voir. Il fallait agir vite.
Momo présenta sa carte magnétique magique (il l’avait programmée pour craquer à peu près tous les codes digitaux des cartes d’accès) et le sas les laissa passer. Ils pénétrèrent dans une pièce occupée par de grandes tables blanches. Des bacs en plastique étaient posés çà et là. A l’un des murs, étaient fixées des paillasses surplombées de microscopes, protégées par des vitres comme des aquariums qui n’auraient pas été fermés en bas. Sina et Momo comprirent que c’était pour la protection des chercheurs. Pour manipuler les virus, ils passaient leurs petites coupelles sous les vitres. Avec leurs gants et leurs masques, en plus de ces vitres, normalement, ils étaient protégés. Normalement, parce qu’il avait dû se passer autre chose ici.
Au centre de la salle se trouvait une grosse machine ronde, d’un peu plus d’un mètre de hauteur. Elle était fermée par un énorme couvercle dont la poignée paraissait impossible à soulever. Ebola, H1N1, Marburg, Nipah, Lassa, Machupo, VIH, SARS 2, Covid 19… ces mots étaient inscrits sur des étiquettes pas très grandes sur la machine.
— Ce sont les virus qu’ils manipulent Momo.
— J’avais compris Sina…et on fait quoi maintenant ?
— On cherche la formule du Covid 19, c’est aussi simple que cela.
— Tu as de ces expressions, toi !
Elle alluma l’ordinateur qui se trouvait sur le bureau près de la fenêtre. Momo y connecta son ordinateur portable. Mot de passe ? « Essaie c.o.v.i.d.1.9 » suggéra- t- il à Sina. L’ordinateur moulina, une, deux, trois, quatre secondes…puis comme par miracle, un énorme virus rouge avec ses épines bleu nuit apparut sur l’écran d’accueil.
— Ils exagèrent un peu, protesta Momo.
— Tu n’as pas le sens de l’humour, toi. C’est plutôt rigolo je trouve, ils n’allaient pas choisir Mickey pour leur écran d’accueil. Allons voir ce que nous cachent ces chercheurs de Wuhan.
Dans les documents, Sina trouva ce qu’elle cherchait. Un dossier intitulé « Covid 19 – confidentiel ». Les textes étaient en mandarin, il fallait s’y attendre. Elle ouvrit l’application google translate pour comprendre ce qu’ils voulaient dire. Mais, ce n’était guère utile, parce que le document contenait aussi de nombreux schémas et des photos. Des photos de chauve- souris, suivies d’une liste de noms et de numéros.
— C’est pas joli joli, les chauve- souris, se moqua Papou.
— Tu es jalouse parce qu’elles au moins, elles peuvent conduire des bolides. Toi tu n’as même pas ton permis, plaisanta Momo.
— De quoi tu parles ? demanda Papou vexé.
— Il t’embête avec Batman, Papou, c’est le seul film qu’il a vu de toute sa vie. Mais on n’a pas le temps de blaguer. Regardez plutôt ça.
Parmi les schémas, il y en avait un intitulé : Covid 19. Au centre, se trouvait le symbole du virus comme ils l’avaient vu des milliers de fois à la télévision depuis le début de la crise et du confinement. Une boule hérissée de petits champignons espacés. Autour de la boule, d’autres symboles de virus : Ebola, VIH, H1N1.
— VIH, c’est le sida ! dit Momo. Ebola, c’est ce virus qui a tué beaucoup de gens et le H1N1 c’est une grippe. Ça veut dire que le Covid 19 est un mélange de virus ?
— Bingo ! Géo trouve-tout. Comme tu es cultivé Momo, tu m’épates, vraiment.
Tandis que Momo copiait le fichier sur son ordinateur, Sina sortit son smartphone de sa sacoche. Elle photographia l’ensemble du document. Elle actionna ensuite la vidéo et mit l’appareil en mode selfie. « Nous sommes en ce moment même dans le laboratoire P4 de Wuhan, des expériences ont été menées ici, il y a des virus extrêmement dangereux… »
Ils entendirent des pas qui approchaient rapidement dans le couloir. Sans lever les yeux, Sina appuya sur la petite icône « partage ». L’écran de son portable se figea pendant deux secondes. La porte s’ouvrit au moment où apparut sur son portable la notification « message envoyé ». Elle avait eu le temps d’expédier ses photos et sa vidéo à l’oncle Simon. Momo se mit alors à pleurer à chaudes larmes vertes et malodorantes.
Barbara Jean- Elie
Fort- de- France, le 17 avril 2020.
ISBN 978- 2- 9559390- 4- 8
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